Quelle est longue cette route qui mène à la puissance.
Puissance physique certes mais mental bien au-delà.
« C'est vrai, je ne fus pas sage,
Et j'ai tourné bien des pages,
Sans les lire, blanches, et puis rien dessus,
C'est vrai, je ne fus pas sage,
Et mes guerriers de passage,
A peine vus, déjà disparus,
Mais à travers leur visage,
C'était déjà votre image,
C'était vous déjà et le coeur nu,
Je refaisais mes bagages,
Et poursuivais mon mirage, »
Il semble de bon ton d’expliquer sa genèse.
Je n’aime pas trop évoquer ces moments joyeux disparus.
Je suis métis. Un métissage contre nature qui révoltât a l’époque dans le petit bourg qu’est Astrub. Ma mère s’est acoquinée d’un brakmarien qui devint vite mon père hors des liens sacrés du mariage. Mon grand –père maternel (noble du village qui, a-t-on appris plus tard, avait fait fortune en vendant des laines de bouftous au chef des Bwork mage !!) arrangea rapidement les choses mais fut dans l’obligation d’expatrier sa fille et gendre dans sa maison secondaire de la presqu’île des dragoeufs. C’est là que je naquis. Quelle douce et tendre enfance hors de toutes querelles et violences. Ma mère, très chère mère, était tailleuse de renommée et dois je avouer que ma couleur chatoyante me fut attribuée bien avant mon propre nom. Ce n’est qu’à l’âge de 5 ans que mon père décida de me prénommer Sesotris en souvenir de son premier bwack terre qu’il avait eu en cadeau lors de son intronisation brackmarienne par sa grande tante (mais tout cela n’est pas très important).
- « Tu seras Agi » disait ma mère
- « Non tu seras force comme un véritable homme » rétorquait mon père.
Mais mon cœur de pré-pubère était déjà pris par une formidable et sublime Crâ intell. Ma décision fût immédiate au grand désarroi de mes parents qui me disaient et me rappelaient, chaque jour, que jusqu’à mon cosmos 90 j’allais ramer à mort. Ce fût notre seul sujet de discorde.
Certes tout diable (de part mon comportement) que j’étais, un jour, mon père m’emmena dans la citée de Bonta la belle et m’offrit 10 épées de boisailles. Je me souviens l’automne était là et l’hiver approchait à grand pas, les arbres se déshabillaient. Cette odeur de pain chaud mélangé a celle de la poudre (trop chère) à canon me revient aux narines (que j’ai d’ailleurs fort belles). Bonta espoir, Bonta bonheur oh qu’est ce que vous m’avez fait là ?
Révélation !
Papa devenu Sériane protecteur, ma mère amoureusement neutre, ma destinée n’était pas toute tracée pourtant j’allais devenir un ange et j’allais désormais devoir mûrir seul et loin de ceux que j’aimais.
- « Nous t’aimons mon fils mais ta couleur ne va plus avec la nouvelle tapisserie de ta mère. Tu dois désormais vivre et te débrouiller seul. »
Stupeur et tremblement ! Haine et sensation folle de liberté ! Alcoolisme et débridage en tout genre tout se mélangeait en mon être de 18 ans. Je devins bûcheron puis boulanger afin de gagner ma vie. Les combats s’enchaînaient. Je tuais du bouftous et du tofus je fis fortune grâce aux graines de tournesols sauvages (avant le grand crash boursier de mars où la graine ne valait plus rien !).
En me promenant tranquillement dans la forêt d’Amakna avec mes amis nous tombâmes nez à nez avec des scarafeuilles. Mes nouvelles victimes furent désignées ! Quel bonheur extrême de combattre contre des petits bleus. Quel sentiment de puissance ! Mon envie de le dire à mon père était forte ! Quelle fierté il aurait ressentie si seulement ils n’avaient pas déménagés sans me prévenir !
C’est là que je fis la connaissance d’un champignon étrange. Imperturbable et très peu colorisé : ce champignon bougeait et était un Crâ ! Force de surcroît ! Il venait de m’enlever tous mes rêves d’enfants et sentiments d’être tout puissant ; je n’étais plus qu’un tout petit Crâ rose et impuissant (*remarque des sourires en coin*). Après un long séjour de psychotéwapie sur l’îles wabbit, je décida de revenir combattre de temps en temps d’abord puis régulièrement a ses cotés. Tel Le Petit Prince et son renard.
De nombreuses quêtes et de sous sols plus ou moins miteux m’ont amenés jusqu'à aujourd’hui.
Ma quête ultime sera la cœur de cette mini Crâ rencontrée dans ma jeunesse. Cette quête sera longue et semée d’embûches. Certainement. Mais existe-t-il plus belle quête que celle de son cœur ? Il me faudra courir, transpirer, tuer et peut être même aimer (je n’ai pas la vertu des femmes de marins…) avant d’atteindre mon but !
Surgit souvent du fond ma mémoire un visage oublié, une image chérie, mon seul amour de Crâ. De mes amours d’antan rien ne me reste plus, pas même ce souvenir aujourd’hui disparu, mais chaque fois que ma destination me portera sur cette presqu’île je ferai tout pour quitter le passé simple, composé ou autres pour les transformer en présent et futur…